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Libres propos, libres réponses... - Claire SUCHEL - Chronique n°22 "Nous, les femmes"

Chronique n° 22 : Nous, les femmes

 

Le 8 mars est la « Journée des femmes » officialisée par l’Organisation des Nations Unies en 1977 : c’est une belle manière de reconnaître que, du côté de l’égalité des droits et de la participation des femmes à la vie politique et économique, il y a des progrès à faire. Ça oui, on peut le dire , c’est comme pour nos petits qui n’en finissent pas de collectionner sur leurs bulletins scolaires les appréciations telles que : «  Pourrait mieux faire s’il manifestait plus d’intérêt en classe » ou bien : « Aurait de meilleurs résultats s’il travaillait davantage à la maison » ou encore plus laconiquement : « Peut mieux faire »

Peut mieux faire… peut mieux faire … peut mieux faire … D’année en année, depuis que Clara Zetkin, en 1910, lance l’idée d’une Journée des femmes, des femmes et des hommes se mobilisent pour obtenir l’égalité des droits et, tant qu’elle ne sera pas obtenue, nous aurons besoin de célébrer cette journée. Le 8 mars est une date à marquer sur nos agendas comme celles à ne pas oublier : les dates des anniversaires, celles des vacances, des évènements importants…, pour ne pas oublier non plus la violence extrême faite aux femmes, en rappelant, le cœur serré,  qu’actuellement dans notre beau pays, une femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son compagnon … et vive la Saint Valentin !

 

Vous avez bien noté : les Nations Unies officialisent la Journée des femmes en 1977 ; la France, elle, donne un statut officiel à cette journée en 1982: cet écart de 5 années est le résultat des lenteurs administratives ; on est fort chez nous dans ce domaine !

 

Qu’en est-il de cette fameuse égalité des droits des femmes dans notre Église catholique romaine? L’argument passe-partout consiste à dire d’emblée : « L’Église n’est pas une démocratie, on ne met pas aux voix la foi en la résurrection du Christ . On y croit ou pas ; ça nous vient d’un au-delà de nous ». Cet « au-delà » s’enracine bien dans un « au-dedans » de certains inconscients, quand il s’agit des femmes, comme en témoigne la petite phrase qui a échappé à André Vingt-trois, sur les ondes de RCF, le 6 novembre 2008, quand il a dit, souvenez-vous : « Le plus difficile c’est d’avoir des femmes qui soient formées ; le tout n’est pas d’avoir une jupe, c’est d’avoir quelque chose dans la tête », petite phrase pour laquelle le cardinal a présenté des excuses. Une demande de pardon eut été, certes, plus ecclésiastique, sinon pastorale et, en tout cas, plus circonstanciée au vu de la robe  que porte ce cardinal : une  robe  longue, plus longue qu’une jupe courte…petit détail vestimentaire.

 

Eh bien, de fait, il existe aussi une remarquable unité d’attitude entre les trois religions monothéistes, au sujet des femmes. Regardons de près les textes qui la révèlent :

- Dans la première lettre de Paul aux Corinthiens, au chapitre 11, versets 8 et 9, on lit :

 « Car ce n’est pas l’homme qui a été tiré de la femme, mais la femme de l’homme. Et l’homme n’a pas été créé pour la femme, mais la femme pour l’homme ».

- Dans le Talmud, si d’après le commentaire de Mr le rabbin Cohen, de la synagogue de Birmingham, il est attribué un rang des plus honorables à la femme, elle n’est pas considérée comme inférieure à l’homme, mais sa sphère d’activité est domestique (chacun son domaine : dans une théocratie, le public c’est l’affaire des hommes, le privé c’est celle des femmes). Dans le rituel des prières juives, il existe trois bénédictions que tout individu de sexe masculin se doit de prononcer chaque jour ; l’une des trois dit ceci : « Béni sois-tu, Roi de l’Univers, de ne pas m’avoir fait femme. »

- Dans le Coran, enfin, à la sourate 4, 34, on peut lire :

 « Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu’Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu’ils font de leurs biens. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris) et protègent ce qui doit être protégé, pendant l’absence de leurs époux, avec la protection d’Allah. Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d’elles dans leurs lits et frappez-les. »

 

Loin de moi la pensée de réduire de façon étriquée et systématique l’enseignement des religions du livre, qui contiennent par ailleurs des pages exaltantes, spirituelles et mystiques, mais, quand il s’agit d’égalité, elles font bloc en défaveur des femmes, manifestant à leur adresse méfiance, condescendance et exclusion.

 

Nos Éminences qui habitent à Rome pourraient peut-être mettre aux voix, non pas la foi en la Résurrection qui est le socle de la foi chrétienne, mais les implications concrètes de cette foi selon laquelle, hommes et femmes du monde entier, nous sommes sauvés par l’amour de Dieu et sans discrimination de sexe. Que ceux qui savent comment prier pour être entendus s’y mettent dès aujourd’hui, puisque une nouvelle Sainteté va nous être donnée par l’Esprit Saint via la voix des hommes.

 

En attendant, un petit article écrit par Ruth FOX, une religieuse bénédictine américaine en 1994, nous invite à regarder de près le choix des lectures pour les messes du dimanche et de la semaine. La Congrégation pour la Divine Liturgie (tel est le nom de cette administration) publie un lectionnaire en 1969 avec un choix de textes bibliques ; ces textes sont amputés, ou, pour le dire autrement, une censure leur est appliquée sous prétexte que « des passages ont  peu de pertinence, ou qu’ils sont trop longs, ou qu’ils prendraient la place de lectures de grande valeur spirituelle, ou que certains ont peu de valeur pastorale ou qu’ils présentent des questions réellement difficiles » . Pour ma part, je vois dans cette attitude des coups en douce faits aux femmes sur leur dos, car ces amputations parlent de femmes dont le rôle est exemplaire pour la vie commune entre les sexes.

 

Du grain à moudre, il y en a encore et pour longtemps. Je nous invite tous à faire un petit geste pour manifester notre opposition à la violence des hommes envers les femmes ; le geste concerne aussi les hommes non violents, car, merci mon Dieu, il y en a : alors, le 8 mars, attachons un ruban blanc à notre vêtement ; blanc, couleur de deuil dans certaines cultures, couleur de paix dans la nôtre.

Claire SUCHEL

Vous pouvez adresser vos réactions à cette chronique par courriel à : croyantsenliberte42@free.fr

Les réactions seront publiées à la suite de cette chronique à condition qu'elles ne soient ni injurieuses ni diffamatoires


Date de création : 07/03/2013 : 14:48
Dernière modification : 07/03/2013 : 14:56
Catégorie : Libres propos, libres réponses...
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