COMPTE-RENDU DE LA RENCONTRE DU VENDREDI 11 OCTOBRE 2024
1 – Des nouvelles des absents et des deux personnes à la Résidence des Aînés à Bellevue.
Noëlle Demolli a demandé si la résidence pouvait avoir un piano, ce qui a été réalisé, c’est magnifique ! Marie France Croc qui est aussi à la cité des aînés, demande à rejoindre le groupe de temps en temps. Comme c’est bien compliqué, 3 d’entre nous ont décidé d’aller la voir et de lui parler un peu en détail de nos échanges et prier avec elle.
2 – Annie nous a donné le compte-rendu du CA de Parvis qui a eu lieu en visio et qui prépare la prochaine A.G. ayant pour thème « s’engager pour le vivant, justice pour les humains et la planète ». Odile et Michel Ponton, Marie Thérèse Couzon et Odile Rostagni seront présents pour représenter notre groupe.
3 – vous trouverez à la suite du présent compte-rendu les 4 interventions prévues et présentées par
- Maurice Bedoin pour l’agriculture
- Jean Bernard Suchel pour les transports
- Jean Noël Thomas pour l’écologie urbaine
- Jean François Peyrard pour l’immigration
Comme ces interventions ont été très riches et ont provoqué des questions et des débats, nous n’avons pas eu le temps d’échanger sur les contradictions que nous vivons, sur les choix que nous faisons et les engagements que nous avons, ainsi que le lien avec notre foi.
Peut-être pour la prochaine rencontre.
4 – Groupes de lecture : trois groupes sur le livre de Daniel Marguerat « Paul de Tarse, l’enfant terrible du christianisme ». un groupe se réunit chez les Thomas, un chez Annie Fayolle, et un à St Chamond avec O. et M. Ponton et M Th Couzon.
Vous pouvez prendre contact avec ces personnes si vous voulez participer à un des groupes.
5 – L’équipe animatrice se réunira le lundi 18 novembre à 9 h 30 chez Millet
Nous avons terminé par cette prière écrite par Émile Granger sur les Béatitudes.
« Tu es heureux toi qui es pauvre, toi dont la richesse n’écrase personne,
La liberté de Dieu est dans ton cœur.
« tu es heureux toi qui écoutes, toi qui ne possèdes pas la vérité mais qui la cherche humblement avec tes frères,
Ton chemin nous conduit vers le Dieu vivant et vrai.
‘Tu es heureux toi qui portes la peine de tous ceux qui crient aujourd’hui leur désespoir, toi qui es torturé par la souffrance,
L’angoisse de Dieu est dans tes yeux.
« Tu es heureux toi qui luttes pour que vienne la justice, pour que le pauvre soit regardé comme un homme,
La justice de Dieu est avec toi
« Tu es heureux toi dont la colère s’éteint avant le coucher du soleil, toi qui aimes et pardonnes, toi qui accueilles et fais confiance,
L’amour de Dieu resplendit sur ton visage.
« Tu es heureux toi qui es pur, toi qui n’es pas compromis avec les puissants de ce monde, toi qui as pris le parti des opprimés, des écrasés,
La vie de Dieu est en toi source jaillissante
« Tu es heureux toi qui bâtis la paix, toi qui veux que la paix soit aujourd’hui le pain partagé par tous les hommes de la terre.
La paix de Dieu est dans tes mains.
« Tu es heureux toi qui es en prison, calomnié, condamné, injurié à cause de ton combat pour la justice, ta croix est celle de Jésus-Christ.
Ta vie donnée est commencement du monde nouveau.
Amitié très fraternelle à toutes et à tous. Gardons espérance et joie de vivre.
Paulette Millet
L'agriculture, état des lieux et défis
- Des réalités douloureuses
* 8 millions de Français en insécurité alimentaire, 2 millions de personnes obligées de recourir à l’aide alimentaire pour se nourrir
* 18 % des agriculteurs sous le seuil de pauvreté, qui ne parviennent pas à tirer un revenu décent de leur travail, et deux fois plus de risque de suicide que pour le reste de la population
* la disparition de 30 % des oiseaux des champs en quinze ans, 437 captages d’eau potable abandonnés entre 2010 et 2021 en raison des nitrates et pesticides en France
* + 160 % de diabétiques en vingt ans, quand l’obésité prend un virage épidémique
la mauvaise idée de croire qu'il faudrait choisir entre une nourriture accessible à tous et un revenu décent pour les agriculteurs, entre la sécurité alimentaire et le respect de la santé et de l'environnement
voir naître des tensions entre les associations sensibles aux enjeux de la question agricoles :
Le secours catholique, les CIVAM ( Centre d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural), Solidarité paysanne, Fédération française des Diabétiques + CCFD Terres solidaires, écologistes
Des dépenses publiques en manque de boussole sociale et écologique
L'opinion publique sait que notre agriculture est subventionnée, de combien l'est-elle ?
* 19 Milliards € pour compenser les effets négatifs de notre système alimentaire
dont 3,4 Milliards pour compenser la faiblesse des rémunérations dans le secteur agricoles
12,3 Milliards pour soigner les maladies professionnelles liées à l'usage des pesticides
3,4 Milliards pour l'atténuation du changement climatique, la gestion des déchets, la dépollution de l'eau.
* des coût inestimables
* 48 Milliards € d'argent public pour entretenir le système alimentaire française
* Plus de 80%des soutiens publics entretiennent une logique de course aux volumes
L'agriculture française représente de gros intérêts financiers. Elle est spécialisée dans la production de masse : elle est le 1 er producteur européen de produits agricoles, elle fournit 3,5% du PIB national et regroupe 5 % de l'emploi ( industries agroalimentaires comprises) + grande place dans les échanges internationaux ( 3ème exportateur dans l'UE)
Qui paye les subventions à l'agriculture française ?
L'État français est le financeur le plus important (59 % des soutiens publics). Il se contente de compenser et de réparer sans toucher aux causes + la PAC, les collectivités locales.
L'État a donc la capacité d'orienter la politique agricole française.
Un partage inégal de la valeur produite
sur un panier moyen payé par le consommateur 100€
- les agriculteurs français touchent en moyenne 7€
- les acteurs de milieu de chaîne : 50€ ( industrie agro-alimentaire, les distributeurs)
- les importateurs de produits alimentaires extérieurs : 15€ ( fruits, légumes, viande)
- les importateurs d'intrants : 18€ ( engrais, amendements, fuel, aliments pour animaux)
- les taxes : 10€
Les moyens d'agir
-Un meilleur pilotage des politiques
-La démocratie à tous étages
- Massifier la transition agroécologiques
la production Bio occupe une place marginale dans l'ensemble productif français :
seulement 13 % des exploitations agricoles
seulement 6,6 % de la consommation alimentaire des ménages est consacrée aux produits bio. Ce chiffre chute depuis 2021.
Pourquoi ?
L'agriculture productiviste est compétitive par ses prix (écart de 1,10 € par kg de farine avec la farine Bio). Le coût de l'alimentation familiale Bio n'est pas accessible à toutes les bourses. 1/4 des boulangers ou bouchers diversifiés ont renoncé au Bio.
- De quoi manger et vivre dignement
-réguler le commerce international
La viande d'élevage n'est pas forcément bien protégée. En France, 45 % du poulet et 23 % de la viande bovine est importé, avantagé par des coûts de production très inférieurs, quand il vient du Mercosour. Le poulet brésilien ou péruvien est un poulet de 28 jours, rempli d'eau, à faible valeur nutritionnelle en protéines, aux antibiotiques de croissance, dont le prix es peu impacté par les coûts de main d’œuvre. Chez nous, les poulets sont des poulets de 52 jours ou de 80 jours pour le label Rouge.
Les propres exportations françaises ne sont pas toujours très vertueuses. Il est demandé que nous abandonnions nos exportations à bon marché de nos produits bas-de-gamme en direction des pays du sud. Ce sont notamment les pieds de cochon et les ailes de poulet dont le coût est bas, parce que peu vendables chez nous
Transports et environnement : État des lieux, nos contradictions, quelles actions possibles ?
Un constat : notre société est très attachée à la voiture individuelle, perçue comme un facteur d’émancipation, de liberté… Pour beaucoup, elle a aussi valeur de marqueur social et est l’objet d’une véritable vénération : « m’as-tu vu avec ma belle bagnole qu’il ne faut surtout pas cabosser ni égratigner ? »
Or, les voitures particulières en France sont responsables de plus de la moitié des émissions de GES dues aux transports.
Quelques chiffres, limités à la France, pour mieux apprécier la place des différents modes de transport dans les émissions.
- part de l’ensemble des transports dans les émissions totales : 1/3 (de 30 à 39 % selon les sources). Viennent ensuite, presque à égalité (18 ou 19%) : l’agriculture, l’industrie et les bâtiments, puis la production d’énergie : 11 % et le traitement des déchets : 4 %. Noter que seuls les émissions dues aux transports n’ont pas diminué depuis 1990 (diminution max. pour l’industrie).
- part des différents modes de transport dans l’ensemble des émissions dues aux transports : transports routiers : 92 %, parmi lesquels, voitures particulières : 52 %, poids lourds (dont beaucoup d’étrangers) : 25 %, véhicules utilitaires légers : 15 %, avec augmentation maximale pour les poids lourds. Autres modes de transport : trafic aérien 4 % (en forte augmentation), et encore 4 % pour trafic ferroviaire, fluvial et les deux roues motorisées. Souligne l’intérêt du chemin de fer qui assure 9 % du transport de marchandises.
Au niveau mondial, répartition sensiblement différente : émissions maximales pour production d’énergie et industrie, puis agriculture, puis transports (14%).
En Occident, la voiture est reine.
Quelques commentaires soulignant d’autres contradictions dans notre manière de nous déplacer et d’envisager la transition écologique. Malgré de beaux discours sur la nécessité de réduire le trafic routier au profit du rail (cf projet de ferroutage) et des voies navigables, la politique officielle ne cesse d’encourager les transports routiers. Depuis 1960, la longueur du réseau goudronné a été multiplié par dix, tandis que celle du réseau ferroviaire a été divisé par deux. Autres préjudices liés au transports routiers : artificialisation des sols, pollution aux particules fines (« bouchons »), nuisances sonores, accidents...
Abandon systématique des lignes non rentables au profit du TGV, en même temps que de nombreux aménagements autoroutiers, souvent d’intérêt contestable : A 59 Castres – Toulouse.
Remarquer pourtant que tout n’est pas défendable dans les projets ferroviaires : cf le Lyon-Turin, « entre gabegie financière et désastre environnemental » (Manière de voir, août-septembre 2024 : « Les batailles du rail »).
Quant aux transports fluviaux, qui ont une capacité tellement supérieure à celle des camions, c’est l’enfant pauvre de la politique des transports. Cf la sous-utilisation de la voie navigable du Rhône, en dépit des aménagements titanesques de la C.N.R.
Quelles actions possibles ?
On ne peut pas dire que rien n’est fait au niveau des pouvoirs publics. Par exemple, en France : plus aucun véhicule thermique vendu à partir de 2040 (inscrit dans la loi). Au niveau européen, pacte vert pour le climat : neutralité carbone en 2050, au moins 55% d’émissions en moins dès 2030. Recherches sur la filière hydrogène.
Forte évolution des pratiques de mobilité : développement du covoiturage (succès de Blablacar), de l’autopartage, du vélo surtout depuis la vulgarisation de l’assistance électrique, de la marche.
Cette évolution est très nette en ville, surtout dans les grandes agglomérations (à Paris, la marche et les transports en commun sont en tête des modes de déplacement). Villes leaders pour les pistes cyclables : Strasbourg, Grenoble (contre exemple de Saint-Etienne). On est encore loin du modèle danois (Copenhague, où l’on compte plus de vélos que de voitures).
Evolution beaucoup plus problématique en milieu rural, où la voiture est bien souvent indispensable : 4 déplacements sur 5 se font en voiture dans les campagnes françaises. Indigence des transports en commun (fortement concurrencés par le covoiturage…) : bus quasi vides, donc réduction de fréquence, d’où désaffectation des usagers (cercle vicieux). Pas de réelle volonté politique (au contraire de la Suisse, qui a privilégié avec succès le chemin de fer et le ferroutage).
Problème de fond : urgente nécessité pour chacun de nous de changer de mode de vie, impliquant remise en cause de nos pratiques de mobilité. Exemples d’amis ayant renoncé à la voiture.
Jean-Bernard SUCHEL
11 octobre 2024
Réflexions sur quelques éléments de l’écologie urbaine
D’abord le terme écologie :
Ecologie signifie les interactions entre l’homme et son environnement et l’écologie urbaine à mon sens ne peut être circonscrite au seul territoire de la ville sans courir le risque de réduire la question au simple problème de la nature dans la ville.
Certes la prégnance du changement climatique pose de nombreuses questions sur la transformation des villes, questions d’ordre technique et architecturale. Comme bien d’autres questions apparemment simples, leurs mises en œuvre se heurtent à des résistances notamment d’ordre budgétaire, épiphénomène d’interrelations bien plus complexes.
Aborder quelques-unes de ces interrelations
1° Une ville n’est jamais un objet isolé, elle est élément d’un maillage hiérarchisé, on parle alors d’aménagement du territoire, interrelations de réseaux de villes petites et grandes. Ce maillage n’est pas sans conséquences sur la question du vivre ensemble.
Ex : on parlait de 36 000 communes, spécificité française par rapport à nos voisins européens, qui implique une répartition de la population dans la nature de manière exubérante : destruction d’espaces, coûts prohibitifs des réseaux de distribution (eau, assainissement déplacements etc.) L’attachement au clocher se traduit-il par une population plus collaborative dans un vivre ensemble ou plus encline à de viles concurrences ?
De nombreux efforts ont été réalisés pour fusionner pour regrouper des communes dans des espace de vie. Quel a été le futur de la loi Voynet de 1981 sinon, faute d’application, une question de la décentralisation toujours interrogée, mais donnant lieu à une complexification de structures superposées, jalouses d’exercer sur leur territoire une autonomie reconnue par la Loi à toutes les collectivités territoriales. Ce qui rend difficile des réflexions à long terme.
Le gaspillage qui en résulte est manifeste ainsi que des décisions aberrantes (contre nature) pour multiplier la population sans grande attention aux espaces critiques (zones humides, littoral etc) ou attirer des entreprises par une gestion du foncier démesurée en zones d’activités souvent à la recherche d’entreprises sans réflexion sur la décroissance de l’industrialisation. Seules les inaugurations semblent intéresser les élus.
2° la ville est une structure socio-économique, sa vitalité crée un double mouvement de ségrégation interne et externe. Interne par la création des banlieues ou des quartiers de regroupements ethniques ou socio professionnels, externes par la construction de périphéries plus ou moins rurales accueillant une population plus aisée à l’abri des soi-disant insécurités.
La ville de Saint- Etienne offre de nombreux exemples de politiques de localisation de population engendrant ce double mouvement de rassemblement et d’exclusion, sources de conflits et d’incompréhension.
La rénovation urbaine des années 55-70 s’est d’abord traduite par une offre de logements plus confortables pour la classe moyenne et supérieure, laquelle offre, dans la durée, a fait place à des espaces de ghettoïsation après la migration des populations initiales. La programmation de Beaulieu jusqu’à la muraille de chine illustre parfaitement cette dynamique. L’argent dépensé pour la rénovation du bâtiment n’a pas entravé la détérioration de la situation Elle s’est poursuivie par une dégradation des services publics et de la scolarité des enfants.
Les questions techniques et architecturales ne peuvent être efficaces sans une réflexion de la politique de peuplement. Aujourd’hui la rénovation des bâtiments tombe sur le même écueil, un meilleur confort mais qui en profite ? la réponse n’est d’ailleurs pas univoque mais le logement reste une question centrale, c’est une question politique dans les mains des maires.
3° Le développement d’interactions négatives face à l’environnement.
Il s’agit d’interrelation homme espace/ nature occupée qui renvoie aux difficulté du vivre ensemble. Blocages, conflits rendent inaudible des solutions. L’écologie est sans frontières mais les structures issues de villes conçues comme espace de rente politique et financière offrent une résistance inopérante face aux défis d’aujourd hui . Alors qu’il y avait une place pour les Italiens dans le bâtiment et des Polonais dans la mine et n’y a plus de place dans notre société où les conflits se sont sclérosés dans les espaces pour de nouvelles populations poussées à l’exil par des conditions de vie impossibles. Comment faire vivre dans un même quartier des populations qui vivent leur situation comme un droit qui se dévalorise ?
Pourtant des solutions existent. Pour exemple A Vienne en Autriche où les 2/3 des logements qui ont été construits avec l’aide de la ville sont réservés à une population modeste . le loyer au mètre carré est le même quelle que soit la localisation de l’immeuble dans l’espace urbain. Il n’y aura pas d’écologie urbaine sans franchir des frontières qui structurent la société.
Conclusion
Alors oui, l’écologie doit nourrir une spiritualité qui associe l immanent et le transcendant (1) mais elle ne peut être fondée sur une lecture littérale de la Genèse où la création, la nature, est don de Dieu. Les interrelations de l’homme à son environnement renvoient à la confrontation à d’autres hommes et remettren en cause nos frontières intérieures et notre responsabilité.
(1) Laudato si, Le pape François
Immigration : Situation, contradictions, …
• La situation des conditions d’accueil des exilés est de plus en plus tendue : hébergement d’urgence qui n’est plus assuré de façon durable (un peu comme une fatalité …) y compris en laissant de nombreux enfants à la rue (Rapport UNICEF – F.A.S. en septembre 2024 : 2 000 enfants à la rue en France, chiffre largement sous-évalué) Appels téléphoniques quasi-quotidiens pour des familles à la rue de la part d’écoles, de travailleurs sociaux ou d’établissements hospitaliers (récemment, la maternité du CHU pour un bébé de 3 jours qui devait sortir avec ses parents à la rue) – accès aux droits administratifs de plus en plus lourd, notamment pour déposer des dossiers en Préfecture – Décrets d’application de la Loi Asile-Immigration le 10 juillet dernier avec des pressions notamment par rapport à l’emploi de personnes sans-papiers (Courrier de la Préfecture de Seine Maritime en septembre à des citoyens employant des personnes sans-papiers via des CESU : passible de 30 000 € d’amende et 5 ans de prison !) – Nomination de B. Retailleau et menaces y compris, ce matin même, sur les associations intervenant dans les Centres de Rétention Administrative.
• Ces choix politiques sont expliqués par les « attentes » d’une opinion publique pour freiner l’immigration (vote R.N. notamment), mais viennent en contradiction avec la solidarité citoyenne qui ne cesse de se manifester comme autour des écoles où des enfants scolarisés sont à la rue. Cette solidarité se manifeste et s’invente en fonction des réseaux présents autour des familles. Des citoyens.es s’y impliquent parce que la rencontre des familles change leur regard ; aujourd’hui encore, un article dans le Progrès pour une faille qui a dormi 2 mois dehors dans le Parc F. Mitterrand (2 enfants scolarisés à l’école du Soleil) et qui vient d’emménager à La Talaudière via la mise à disposition temporaire d’un appartement en attente d’être vendu.
• Dans le même temps, un réseau associatif en difficultés liées notamment au vieillissement des bénévoles. 2 associations ont arrêté depuis 1 an : Jamais Sans Toit et Solidarité Roms ; 2 autres envisagent aussi de le faire : UN Toit Un Droit et La Maison Solidaire qui accueille des jeunes isolés depuis 7 ans. La solidarité change de visages avec des engagements plus ponctuels qui répondent surtout à des urgences sans vraiment s’ancrer dans la durée.
• Le manque de perspective politique pour défendre un accueil digne des personnes exilées pèse. Comment faire évoluer l’opinion publique ? : un défi de plus en plus posé y compris au sein de l’Eglise Catholique où beaucoup s’engagent mais sans effacer des questions posées par beaucoup d’autres … Quels lieux de dialogue pour avancer ?
• Enfin, les choix politiques au niveau européen pèsent de plus en plus lourd sur les conditions de l’exil. Mme Meloni, cheffe du gouvernement italien, met en place une externalisation de l’examen des demandes d’asile vers l’Albanie ; la Tunisie, financée par les fonds européens, renvoie des migrants dans le désert du sud du pays où beaucoup meurent dans une indifférence totale. Actuellement, dans une vingtaine de départements au moins, on constate une baisse très sensible d’arrivées de mineurs isolés. A vérifier encore, mais sans doute que les chemins de l’exil sont de plus en plus périlleux
Comment ne pas considérer la situation actuelle comme violente et humainement inacceptable ?
Que faire face à de tels défis sinon « Résister les bras ouverts ! » comme le dit la banderole du Collectif Loire « Pour que personne ne dorme à la rue » : accueillir dignement à notre petit niveau, favoriser et coordonner les solidarités mêmes ponctuelles, témoigner encore et toujours que l’immigration reste une chance tout en dialoguant autant que possible avec nos familles, nos amis … rester à l’écoute des interrogations que posent ces réalités humaines.
Jean-François Peyrard