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À lire ou à relire - 2015/06 John Shelby SPONG "Jésus pour le XXIe siècle"

John Shelby SPONG « Jésus pour le XXIe siècle »

Compte rendu :

J.S.SPONG a été évêque pendant 20 ans dans le New Jersey, dans l’Église Épiscopale des États-Unis, et a pris sa retraite en 2 000. Il a engagé des discussions historiques au sein des Églises et il est devenu un ardent défenseur du changement.

« Jésus pour le XXIe siècle a été publié en 2 007. C’est un essai qui cherche à donner sens et puissance de vie à une vie de Jésus revisitée : Spong démontre de façon compréhensible comment les premiers disciples ont transmis leur expérience de Jésus, d’abord dans le cadre de réunions hebdomadaires qui se tenaient dans les synagogues juives. Cette transmission orale s’est faite sur une période de quarante ans entre la mort de Jésus et la mise par écrit du premier Évangile (celui de Marc), vers 70.

Après la séparation d’avec le judaïsme, l’Église chrétienne s’est créée, avançant dans la marche de l’histoire humaine, constituant credo et liturgies, élaborant des discours sur Dieu. Aujourd’hui, au XXIe siècle, les vérités qu’elle donne à croire ne sont plus recevables, ne tenant pas compte de l’évolution de toutes les découvertes scientifiques et des sciences humaines, ce corpus figé dans le temps est incompréhensible. De plus, il est bien étranger à l’expérience bouleversante qu’avaient vécue les disciples de Jésus par rapport à ce qu’en avaient saisi les auteurs des Évangiles. L’expérience de la présence vivante de celui qu’ils avaient suivi, aimé, qui avait été crucifié et était mort.  Cette réalité qu’ils éprouvaient n’avait pu se dire que dans un cadre liturgique qui emploie un langage symbolique pour parler de transcendance. Par la suite ces textes liturgiques ont été compris comme historiques et lus de manière littérale.

Spong dit que pour lui, Dieu est une réalité dont on peut faire l’expérience (p123), mais lorsqu’il essaie de parler de cette expérience, il découvre que Dieu transcende constamment ses tentatives d’explication.

Les disciples ont fait cette expérience de Dieu… Aujourd’hui, vouloir contenir Dieu dans des vérités intangibles, soutenir que la volonté de Dieu est inscrite dans des règles d’une époque révolue, ne pas vouloir chercher à comprendre les contradictions manifestes dans les pratiques chrétiennes, c’est en somme faire de Jésus l’otage de malentendus qui font que nombreux de nos contemporains tournent le dos au christianisme.

Spong veut faire évoluer le christianisme pour qu’il soit porteur de la Bonne Nouvelle. Il pense avoir trouvé un chemin qui permette de comprendre ce que le mot « Dieu » signifie grâce à un Jésus bien humain et cela même en dehors des limites de la religion

Alors, dans ce livre, Spong entreprend une véritable opération de nettoyage, il veut éliminer les distorsions dans la manière dont on a cru comprendre la vie de Jésus ; la façon de lire les textes, les croyances, les traditions légitimées comme étant la volonté divine deviennent un champ de ruines. Les certitudes en sont écornées.

Ce Jésus dans la bouche duquel l’évangéliste Jean met ces paroles (jn 10,10) « Moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie en abondance ».

Ce Jésus qui donne comme commandement « d’aimer Dieu de toutes ses forces, de toute son âme et de tout son esprit et d’aimer son prochain comme soi-même »

Un Jésus qui fait fi des préjugés, des barrières religieuses, qui se montre attentif aux exclus, aux malades, aux femmes comme aux hommes,

Un Jésus qui donne à voir dans ses actes l’abolition des jugements qui écrasent l’être humain et la force de vie, l’amour qui le remet en marche.

Un Jésus qui éblouit par la puissance d’amour qui l’anime, qui élève la vie humaine, transcende nos frontières humaines y compris celle de la mort.

Dieu vivant, Dieu de la vie, au cœur de l’être humain, c’est la Bonne Nouvelle !

 

Échange entre nous :

Ce livre trouble et bouscule, il fait l’effet d’un raz-de-marée, mais il fait beaucoup réfléchir en profondeur. Il dérange toutes nos représentations, mais nous conforte quand il parle de Dieu. Cependant, on résiste à certaines affirmations. Voici ce qu’en dit Louis qui a mis ce livre entre nos mains :

 « Si au vu des connaissances scientifiques à ce jour, vous ne croyez plus que Dieu a créé le ciel et la terre, si vous ne croyez plus à la résurrection de la chair, si vous ne croyez plus à la légende de la virginité de Marie, si vous considérez l’hostie comme le pain partagé entre les hommes en mémoire du Christ, si vous ne croyez plus aux rois mages et considérez les miracles comme des histoires mystérieuses destinées à prouver que Jésus était le Messie attendu par Israël… Alors le livre de Spong est pour vous ! »

Ce livre ne peut pas ne pas changer nos façons de dire, de penser et de croire, alors, comment :

Parler de Dieu ?

Dieu qui s’enseigne, qui récompense et punit, qui protège et rassure, qui comble nos demandes est une création de l’esprit humain pour endiguer notre angoisse de la mort et donner un sens infantile à nos vies, toujours sous le registre de la culpabilité, ce Dieu est le fruit d’une pensée théiste archaïque, mais cette pensée est toujours vivace, aliénante.

Dieu qui envoie son fils dans le monde et attend de lui le sacrifice ultime de sa vie pour se réconcilier avec les hommes est une figure de père sadique, familière dans l’univers théiste et ô combien présent dans nos liturgies, même si on nous dit que les paroles veulent dire autre chose que ce qu’elles disent. Ce Dieu théiste peut mourir sans que Dieu ne meure, car Dieu qui s’est donné à voir en Jésus est autre.

Dieu de Jésus est l’essence même de l’Amour et « le prochain » en est le temple. Dieu se donne à vivre en actes, en force de vie, pas en concepts ni en force de frappe.

Parler de Jésus ?

Spong montre Jésus dans une pleine humanité, qui remet debout toute personne rencontrée, par la force d’amour qui émane de lui. Il n’appelle pas à être un croyant religieux, il appelle à croire que chaque être blessé peut être restauré en humanité quand il croise sur sa route l’amour infini de Dieu.

En Jésus, la force de la vie de Dieu, de la vie en abondance est présente, agissante, pleinement épanouie, et elle donne vie à ceux qui le suivent.

Jésus était juif, intégré dans un peuple de croyants, héritier d’une longue histoire d’alliance avec Dieu. Jésus juif nous introduit à la culture juive. Cette partie de l’exposé rend lumineuse la foi des juifs avec ses variantes ses tensions, ses contradictions dont le christianisme a hérité mais dont nous n’avons pas été assez instruits. C’est un manque.

Parler de la Résurrection ?

Les disciples ont vécu une expérience d’une force inouïe, inracontable. Quelque chose s’est passé à la mort de Jésus, on ne sait pas quoi, ça dépasse les limites de notre humanité… Ce Jésus que les disciples croyaient mort est vivant ! Il n’y a pas de mots adéquats pour dire cette expérience.

Une force de vie est passée en eux, les poussant à sortir d’eux-mêmes en bravant  leurs peurs, pour aller vers les autres, annoncer cette … Révélation.

Les credo hérités d’une longue histoire figent avec des mots, des affirmations, des certitudes, des concepts incompréhensibles aujourd’hui que nos liturgies continuent à célébrer. Les mots ne disent pas Dieu.

On adhère à la critique des dogmes, à dénoncer l’affirmation selon laquelle le Magistère est seul interprète de la « Parole de Dieu ». On a tort de conclure nos lectures liturgiques par les affirmations « Paroles de Dieu, paroles du Seigneur » si les évangélistes ont puisé dans les Écritures hébraïques des phrases qu’ils ont mis dans la bouche de Jésus.

On résiste à certaines affirmations comme « il n’y a pas eu de Cène, de dernier souper au cours duquel le pain a été identifié au corps brisé de Jésus, ni de vin qui se répandait pour symboliser la prédiction de sa mort, pas de dernier mot sur la croix, pas de tombeau, de corps ressuscité, pas d’ascension… »

On s’interroge : « si l’appel de Dieu en Jésus, est un appel à être pleinement humains, un appel à voir que Dieu est l’expérience de la vie, de l’amour, du fait d’exister, une expérience qui est atteinte à l’orée d’une humanité épanouie », Comment les religions chrétiennes peuvent-elles être porteuses de ce message ?

« La présence réelle » : du  mal à croire que la communion au corps du Christ ne soit que symbolique et que Jésus n’ait pas lui-même dit « Ceci est mon corps… » à ses disciples… un Dieu qui non seulement s’incarne, vient apporter un message d’amour jusqu’à en mourir et vient en eux-mêmes leur apporter sa force par l’Eucharistie.

Comment prier ? Quels mots employer ? Ne rien demander ? Quoi dire ?  Quelles liturgies ?

Aller plus loin dans la connaissance de la culture juive, de l’homme juif que fut Jésus, En quoi le Dieu de Jésus nous libère-t-il ?

Beaucoup de questions, des attentes différentes et René-Pierre pour conclure : 

« La foi : un chemin, un travail, et surtout une expérience ? »


Date de création : 23/06/2015 : 10:00
Dernière modification : 23/06/2015 : 10:00
Catégorie : À lire ou à relire
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