Jacques MUSSET     -      Être chrétien dans la modernité

Idées essentielles.

Une démarche:

Une démarche nécessaire pour vivre et transmettre notre foi dans la culture d'aujourd'hui.

Une interrogation sur qui est Dieu:

Dieu, cette voix intérieure en chacun de nous qui nous dépasse et nous ouvre à l'altérité.

Un cheminement de la foi:

Annoncer LA BONNE NOUVELLE et vivre notre responsabilité d'homme en suivant le chemin d'humanité pratiqué par Jésus.

Son projet: redonner sens à l’héritage évangélique. L'épreuve du décalage entre message de Jésus et doctrine catholique a suscité chez J.M une exigence psychologique et spirituelle, vitale pour sa foi et sa vie d'homme: il tente de reformuler une tradition dont le respect n'est pas la simple répétition, pour être cohérent avec lui-même et crédible dans la culture de notre temps .Ce travail de discernement, d'interrogation sur nos représentations est de notre responsabilité; c'est celui qu'a fait Jésus en relisant une tradition pour lui redonner sens à partir de son vécu et de sa vie intérieure .Cheminement personnel toujours à poursuivre.

Une autre approche de Dieu.

Musset s'inspire beaucoup de M.Légaut. Ne pas partir d'une voie « surplombante » de Dieu (tout puissant, au ciel .. ) mais de notre expérience intime dans le souci de vivre en vérité. Dans cette exigence profonde d'humanité, on peut reconnaître une Source, difficile à définir, qui est au plus intime de nous-même et nous dépasse, «Source invisible de ce qui constitue l'homme, lorsqu'il est vraiment humain, à travers l'art, le souci exigeant du vrai, l'attention à autrui et spécialement à l'homme démuni et blessé» p 67. (Croyant ou non ou empruntant d'autres voies de spiritualité, on peut se rejoindre dans cette exigence d'un cheminement d'humanité.) Cette Source intérieure inspirante n'est pas contradictoire avec ce Père familier que Jésus invoque et qui motive sa vie.

Il s'agit de retrouver aussi l’humanité de Jésus en tenant compte du travail d'exégèse : Distinguer Jésus historique du Christ de la foi. Renoncer à la représentation traditionnelle d'un homme hors norme qui sait d'avance son destin parce qu'il est fils de Dieu. Jésus est un homme qui naît progressivement à lui-même, qui perçoit des exigences intérieures et qui va chercher à y être fidèle jusqu'au bout sans se renier. La validité de ces appels intimes se vérifie aux fruits d'humanité qu'ils produisent. Son message est toujours vivant, fécond, il nous invite à trouver notre propre chemin d'humanité.

C'est le sens qu'il faut retenir de sa résurrection. La richesse de sa vie et de son message font que les apôtres l'ont reconnu après coup en relisant la Bible comme l'Envoyé de Dieu : la foi en la résurrection est une expérience spirituelle faite par ses disciples. La richesse de ses paroles et de ses actes donne force et 'audace de témoigner et d'annoncer un monde nouveau. Si sa résurrection des morts est problématique, on peut s'accorder sur la proposition de J.Musset d'annoncer « le Christ est re-suscité» c'est à dire qu'il nous laisse un message à réactualiser et à vivre : «voie d'humanisation toujours d'actualité».

Quant à une vie au-delà, Musset tente une réponse empruntée à Marcel .Légaut : « Sera sauvegardé, ce qui se sera humanisé en nous, œuvre commune de l'homme et de Dieu ». Mais d'abord cultivons ici et maintenant une qualité d'humanité qui fait de nous des vivants.

Retrouver le sens de la prière et des sacrements.

Si Dieu n'est pas un Être tout puissant au- dessus de ce monde mais « Celui qui nous inspire au plus profond de nous- même pour être pleinement humain » alors dans le recueillement, la prière personnelle et collective nous amène à nous ouvrir à cet appel intérieur et nous renvoie à ce qui relève souvent de nos responsabilités (injustices, conflits ..). Mais face à l'inéluctable, il faut avoir la lucidité et la force d'accepter notre finitude, « consentir à la réalité ». Les sacrements qui n'ont pas été institutionnalisés par Jésus mais inspirés par ses gestes sont à réinterpréter aussi pour qu'ils soient compréhensibles aujourd'hui: J.Musset invite à « désacraliser les sacrements» : ce n'est pas le rite qui fait leur validité mais la démarche intérieure.

L'eucharistie: expérience des apôtres d'un repas partagé, repas d'adieu où les paroles, le pain et le vin sont nourriture, symboles d'une vie donnée aux autres, aux plus petits. La célébration de la Cène nous le rend symboliquement présent, revivifie son témoignage, nous incite à vivre plus intensément selon son message. Insister sur le sacrifice, poser la question de la présence réelle brouillent l'essentiel.

Le sacerdoce a progressivement sacralisé les ministères de l'Église les éloignant des fonctions de services dans les premières communautés chrétiennes. Il rétablit la fonction du prêtre selon les rituels antiques: intermédiaire entre Dieu et les hommes et source de pouvoir sur la communauté.

Jacques Musset propose dans le dialogue de revenir à des attitudes plus évangéliques. Il nous invite et nous aide à poursuivre ce travail exigeant et nécessaire de réactualisation de notre manière de penser et de vivre notre foi.

Il nous invite de même à contribuer, avec tous les hommes de bonne volonté, croyants ou non, à l'humanisation du monde.

                                                                       Pour l’équipe de lecteurs.

                                                                       Madeleine Thomas.