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Libres propos, libres réponses... - Claire SUCHEL - Chronique n°24 "Wait and see"

Wait and see

Depuis son élection, le 13 mars au soir, le nouveau pape collectionne les bons points : il vient du Nouveau Monde, il porte le nom du saint le plus populaire du Moyen-âge :  « François » d’Assise. Ce François-là n’était pas prêtre ; il avait choisi d’épouser « Dame pauvreté ». Notre pape François a des gestes simples, une façon de parler et d’agir compréhensibles. Il a été à son poste de chef de l’Église catholique le jour de Pâques, ce qui fut rassurant pour les foules de pèlerins et pour les médias. Tout s’est bien passé ; cet événement mondial avec son zeste de surprise fut une réussite. Ouf ! Nous voilà rassurés et pleins d’a priori favorables. Je pense que Joseph Ratzinger, de l’endroit où il est aujourd’hui, a été bien soulagé de voir un autre prendre la relève d’une mission qu’il ne pouvait plus assumer . Mais une question s’impose à moi : « Être pape, est-ce jouer un rôle ou bien accomplir une mission en vue d’un service? »

Je ne sais pas si on peut parler globalement  des « chrétiens », c’est à dire de ceux qui se disent « disciples du Christ » ? Il me semble, en ce qui concerne le « peuple de Dieu » - selon la conception du dernier concile, que des réformes sont nécessaires. Il faut impérativement que l’Église catholique romaine change si elle ne veut pas disparaître, emportée par le tsunami de la mondialisation qui bouleverse le monde. Qu’elle disparaisse peut être préjudiciable pour son siège social - le Vatican - , mais qu’elle entraîne dans sa chute le trésor lumineux de l’Évangile du Christ, dont elle est, paraît-il, l’« épouse mystique », serait hautement dommageable pour le Dieu de Jésus, pour l’humanité et pour notre petite planète bleue.

Il nous faut faire un tri parmi les mots et les images qui nous sont tombés sur la tête depuis le 13 mars de cette année historique 2013, pour en déchiffrer les messages diffusés, car c’est un véritable embrouillamini et on peut en faire différentes lectures selon qui on est et d’où l’on parle.

Pour moi qui n’avait pas la trentaine à la fin du concile, qui suis une femme laïque, mariée, avec quatre enfants et onze petits enfants agnostiques, qui a le goût de Jésus et aime à le cultiver, je crois que le problème de fond ce n’est pas le pape un tel ou un tel, quel que soit son numéro, c’est la papauté en soi. J’estime, en effet, que la papauté n’a pas lieu d’être, car elle n’est pas le fruit de la foi, mais celui d’une longue histoire politique, de luttes pour le pouvoir, de conquêtes et de privilèges financiers.
       
Pour suivre le Christ en tant que disciples, nous n’avons besoin ni de pape, ni d’état politique qui batte monnaie, qui parade avec une armée d’opérette juste bonne à épater les touristes chinois, car ils adorent les déguisements. Notez qu’ils en sont un peu pour leurs frais ; dommage pour eux : ils ne peuvent même pas se faire photographier à côté d’un garde suisse, car il y a autour des gardes une distance à ne pas franchir ; mais avec les moyens technologiques on doit pouvoir obtenir une photo au bras d’un garde suisse. En revanche, les touristes peuvent encore se régaler du spectacle que donnent certaines manifestations religieuses, qui tiennent plus de représentations théâtrales que de témoignages de foi, là où le pourpre, le violet, l’or, les couvre-chefs, dentelles et passementeries… tendent à faire croire que rien n’est trop beau pour Dieu. On en oublie que Jésus est né sur la paille au cours d’un déplacement de ses parents, qu’il est mort tout nu sur une croix de bois et qu’on n’a même pas retrouvé son corps. Selon l’annonce faite aux femme dans l’évangile de Marc, il nous précède en Galilée et tout donne à croire qu’aujourd’hui il est dans les camps de réfugiées chassés de leur terre sous le coup des bombes.

Pour le feu d’artifice des mots et des images, on a été comblé ; mais pour les messages dont ils sont porteurs, on reste sur sa faim. La vie de François d’Assise n’a pas été un long fleuve tranquille ; son choix de la pauvreté et de la paix, son exemple évangélique sont restés sans effet sur le comportement de la papauté et sa mort en 1226 a précédé de peu les bûchers de l’inquisition dressés pour ceux et celles qu’on a appelé « hérétiques », sombre et redoutable inquisition que même saint Thomas a trouvé bon de justifier au nom d’une certaine idée de la vérité, c’est à dire d’une certaine théologie au service d’une politique.
      
La vérité : c’est là que le bât blesse, quand on croit en être dépositaire et même plus, quand on croit en être l’interprète exclusif. Comme un leitmotiv, Jésus de Nazareth disait : « En vérité, je vous le dis …  en vérité, je vous le déclare … » et dans le texte de Jean l’évangéliste au chapitre 18, verset 37, on peut lire:  «  Quiconque est de la vérité, écoute ma voix », ce qui amène Pilate à poser la question de fond : « Qu’est-ce que la vérité ? »

La papauté, comme chacun le sait, a exercé son pouvoir temporel depuis le VIIIe siècle sur un territoire qui lui a été offert par Pépin le Bref,  autour de Rome. Mais le pouvoir temporel ne suffit pas dans les religions, il leur faut aussi manifester leur pouvoir spirituel et même le justifier en le sacralisant. La papauté s’est battue pour asseoir son pouvoir spirituel. Elle a affirmé détenir la Vérité, avec un grand V ; elle a cru bon d’en faire des textes intangibles, des dogmes bien ficelés… avec les ficelles des époques successives qu’elle a traversées.
      
Mais la vérité dont parle Jésus échappe à tout discours, à tous les dogmes, parce qu’elle est vivante et qu’elle chemine par des chemins de traverse au milieu des hommes et des femmes de tous les temps. C’est peut être pour ça qu’une institution comme la vaticane est toujours travaillée par la nécessité de se réformer et elle résiste malgré tout aux réformes, car elle se croit bâtie sur le roc …

À propos de roc et de pierre, je me demande si j’ai bien entendu ce que les médias catholiques et les autres n’ont pas cessé de répéter tous ces temps-ci : à savoir que Rome, c’est la ville où Pierre, le premier pape, est enseveli ? … Mais sait-on bien que Pierre n’a jamais été pape, ni même évêque… Qu’est-ce qu’on cherche à justifier à travers cette  allégation traditionnelle persistante ?

 

Vous pouvez adresser vos réactions à cette chronique par courriel à : croyantsenliberte42@free.fr

Les réactions seront publiées à la suite de cette chronique à condition qu'elles ne soient ni injurieuses ni diffamatoires


Date de création : 04/04/2013 : 09:42
Dernière modification : 04/04/2013 : 09:50
Catégorie : Libres propos, libres réponses...
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